- Père Arthur Melanson
- L’homme, son origine
- Le prêtre
- Le fondateur
- L’Évêque
L’homme, son origine
Louis-Joseph-Arthur Melanson naît à Trois-Rivières (QC) le 25 mars 1879 dans une famille de souche acadienne, son père étant un employé des chemins de fer nationaux à cet endroit.
Comme le 25 mars est fête de l’Annonciation, ce jour marquera particulièrement toute la vie d’Arthur. Puis son père est muté à New Richmond en Gaspésie. C’est là, dans la petite église paroissiale où Arthur, encore enfant, prie devant l’autel dédié à Marie.
Ce qui lui fera dire plus tard qu’il a entendu pour la première fois un appel intérieur à devenir prêtre :
Imprégné de ce fort sentiment, il se prépare avec sérieux à répondre à l’appel, d’abord au Petit Séminaire de Rimouski (1894) puis au Grand Séminaire de Montréal (1900).
Arthur Melanson connaît de nombreuses pérégrinations au cours de sa vie, ce qui ouvre la voie à sa mission future. Des déménagements majeurs qui ont marqué sa vie : après Trois-Rivières, c’est Petit-Rocher, New Richmond, Rimouski, Montréal, Campbellton, Gravelbourg (Saskatchewan), et Moncton. Toutes ces expériences servent à ouvrir devant lui des chemins qui le poussent à occuper des fonctions souvent difficiles jusqu’au bout de sa vie.
Au Petit Séminaire de Rimouski, il complète le «cours classique» en 1902. Malgré une santé frêle, il réussit très bien et développe une profonde piété envers la Vierge Marie. De nature joyeuse et amicale, il s’insère facilement dans son entourage. Sa demande d’admission au Grand Séminaire de Rimouski est toutefois refusée pour cause de santé jugée trop fragile. Mais Arthur ne démissionne pas; fonceur qu’il est, il s’adresse au Grand Séminaire de Montréal où il est accepté en 1902.
Un bienfaiteur, ami de son père, offre de payer ses soins de santé et, en plus, il assume les frais de ses années d’études au Grand Séminaire. Cette période intense d’études, de prière et de réflexion occupe tout son temps et ses énergies. Son but est enfin atteint : il peut demander l’ordination presbytérale tant désirée.
Nommé curé à Campbellton en 1919, il est profondément interpellé par la nécessité de promouvoir la cause acadienne dans ses droits linguistiques, culturels, religieux et éducatifs. Son cœur pastoral le porte vers les plus petits, les pauvres, les orphelins, les exclus, les marginalisés. Son mot d’ordre : «L’Acadie vivra!» Il persuade par sa parole, ses écrits, ses déplacements afin de voir de près quel besoin prioriser. Sa force s’enracine dans sa foi au Christ présent en chaque personne, dans une prière à Marie qui soutient toute sa vie, la «Stella Maris».
Le prêtre
Monsieur Melanson père étant muté à Petit-Rocher, au Nouveau-Brunswick, la famille se trouve désormais dans le diocèse de Chatham. C’est donc à l’Évêque de ce lieu qu’Arthur, au terme de ses études au Grand Séminaire de Montréal, adresse sa demande à l’ordination presbytérale. Mgr Barry, ayant lui-même éprouvé des problèmes de santé avant son ordination, accueille la demande d’Arthur; il lui confère l’ordination le 9 juillet 1905. Déjà, on le dit «pèlerin visionnaire».
Devant lui, s’ouvre un grand chantier pastoral qui en fera un fondateur de paroisses dans le Restigouche au nord du Nouveau-Brunswick, un défenseur des pauvres, un promoteur de l’agriculture, de la vie de famille, tant par son action que par l’écriture, l’éducation des jeunes et des adultes, puis un fondateur de communauté religieuse.
Nommé vicaire puis curé dans les paroisses du Restigouche, le père Arthur ne tarde pas à déployer ses talents de rassembleur, de bâtisseur, auprès des familles, des travailleurs de la terre et de la forêt et, surtout, il vise largement la scolarisation des enfants et l’éducation en général. Il visite les missions de la région, construit des chapelles, réunit les gens en communautés paroissiales.
Doté d’une profonde sensibilité et d’un réalisme aigu, il se sent poussé à poser des bases pastorales pour répondre à de grands besoins perçus comme urgents. Homme de terrain, il se donne de la peine pour œuvrer à un mieux-être humain et spirituel chez les gens dont il est pasteur. Il prend le temps de visiter, d’encourager, d’évangéliser les gens des petites communautés rurales échelonnées tout le long de la rivière Restigouche.
Les déplacements sont difficiles, surtout en hiver. Il écrit dans les journaux, et dans des revues qu’il met sur pied. Il puise sa force dans sa foi et dans sa volonté de voir ces communautés se développer, tant aux plans humain, familial, que spirituel et religieux. Son appel est de partir, de défricher, de prier, passionnément. Il y investit tout le courage qui le caractérise.
Pas de temps à perdre : il visite les familles, en hiver il se rend dans les camps de bûcherons isolés en forêt, il se tient au courant des petites écoles existantes, de l’éducation chrétienne des enfants et de la formation sociale des adultes. Il s’affaire au développement de l’agriculture afin de favoriser la vie familiale, il s’emploie à ouvrir de petites paroisses afin de réunir les gens en communautés à dimension humaine.
Le fondateur
En 1918, un feu ravage Campbellton. L’école et l’hôpital qui étaient dirigés par les Religieuses Hospitalières de St-Joseph sont rasés par les flammes. Il faut reconstruire, mais cette communauté ne peut assumer à la fois la responsabilité d’un hôpital et d’une école.
Elles optent pour l’hôpital, selon leur propre mission. Devant le besoin pressant d’assurer l’éducation des jeunes francophones dans leur langue maternelle et dans la foi chrétienne, puisque la loi provinciale ne soutient pas d’écoles confessionnelles, le curé Melanson agit vite. Il consulte l’Évêque Mgr Patrice-Alexandre Chiasson. Celui-ci l’encourage à aller de l’avant. Père Melanson recueille des dons auprès de la population intéressée et mobilise des chefs de file pour épauler le projet d’une construction d’école.
Mais il faut trouver une communauté religieuse qui dirigera l’école. Le curé communique avec plusieurs congrégations dans le Québec et même en France! Les réponses freinent l’enthousiasme du prêtre : nous n’avons pas de religieuses pour votre école… Le Nouveau-Brunswick est loin de nous… etc. Devant l’impasse, Mgr Chiasson dit au Père Melanson : «Faites-en des religieuses, avec l’étoffe du pays»!
Cet encouragement de l’Évêque va au cœur du curé... Et commence «la ronde des lettres» envoyées à des institutrices acadiennes et de la Gaspésie de venir à Campbellton pour diriger l’école et voir si, ensemble, elles pourraient devenir le noyau de cette fondation.
C’est ainsi que naît, en 1922, une nouvelle communauté religieuse de femmes issues de «l’étoffe du pays».
L’Évêque
En février 1933, le Père Melanson, toujours très engagé socialement, est nommé Évêque de Gravelbourg en Saskatchewan. L’Ouest canadien éprouve une période de grande sécheresse qui détruit les moissons.
L’évêque y fait l’expérience personnelle de la pauvreté et se dévoue auprès de ce peuple francophone pendant environ quatre ans. Son diocèse est majoritairement un milieu francophone éprouvé par la Dépression économique de l’époque. La sécheresse sévit et détruit les récoltes en un rien de temps. S’en suit partout beaucoup de pauvreté. Il s’arme de courage pour soutenir les gens dans leurs luttes pour survivre. Il «quête» d’autres diocèses pour l’aider à subvenir aux besoins de son grand séminaire local, puis fonde un journal francophone.
En décembre 1936 l’autorité de l’Église à Rome l’appelle à assumer la charge pastorale du nouveau Diocèse de Moncton dont il devient le premier Archevêque. L’infatigable pasteur demeure très activement engagé dans les causes qu’il a épousées depuis qu’il est devenu prêtre.
Le 22 février 1937, il arrive dans le nouvel Archidiocèse de Moncton majoritairement constitué de populations acadiennes. Poussé par un dynamisme apostolique qui ne ralentit pas, il met sur pied un autre journal francophone, et publiera aussi nombre de documents aptes à stimuler la fierté et la foi du peuple en sa capacité de grandir et de s’affirmer.
En 1939, il fait construire à Moncton l’actuelle cathédrale qui s’élève encore comme Monument de la Reconnaissance du Peuple Acadien à la Vierge de l’Assomption (dédicace dans la pierre angulaire de la construction, 1939). La cathédrale ouvre ses portes le 21 novembre 1939.
Atteint de cancer, Mgr Arthur Melanson viendra vivre ses derniers jours à l’hôpital avoisinant la maison mère de sa chère Congrégation des Filles de Marie-de-l’Assomption à Campbellton. Il déc ède le 23 octobre 1941.